Pourquoi l’éclairage est crucial dans un aquarium à guppys
Un bel aquarium, clair et foisonnant de vie, commence souvent par un bon éclairage. Mais si vous croyez qu’éclairer davantage votre bac fera plus de bien à vos guppys, détrompez-vous. Trop de lumière peut favoriser la prolifération d’algues, stresser vos poissons… voire ruiner l’équilibre fragile de votre petit écosystème. Dans un aquarium à guppys, le temps d’éclairage est un paramètre fondamental, souvent négligé.
C’est un sujet que j’aborde souvent avec mes lecteurs, car les guppys, bien qu’assez tolérants, réagissent vivement aux déséquilibres lumineux. Et croire qu’un éclairage LED « full spectrum » allumé 14 heures par jour est une bonne idée… eh bien, c’est une erreur que beaucoup de débutants (et même certains confirmés) commettent encore.
Alors, combien d’heures faut-il éclairer un aquarium avec des guppys ? Comment éviter les algues ? Quel éclairage choisir ? Et surtout, comment stabiliser sur la durée pour maintenir des poissons en bonne santé sans passer son temps à gratter les vitres envahies de vert ? Entrons dans le détail.
Temps idéal d’éclairage pour un aquarium à guppys
En règle générale, voici ce que je recommande pour un aquarium communautaire avec des guppys et quelques plantes peu exigeantes :
- Durée d’éclairage quotidienne : 8 à 10 heures en continu ou avec une petite pause (si nécessaire pour équilibrer les algues).
- Horaire régulier : par exemple, de 10h à 18h, réglé avec une minuterie.
Le rythme jour/nuit est essentiel pour le bien-être des poissons, y compris des guppys. Ces derniers proviennent d’Amérique du Sud où la lumière du jour est régulière : environ 12 heures de jour, 12 de nuit. Dans l’aquarium, on adapte légèrement en fonction de la densité de plantes et de la puissance de l’éclairage.
Si votre bac est peu planté, restez autour de 8 heures. Plus de lumière = plus de photosynthèse, oui… mais aussi plus d’algues si le reste ne suit pas, notamment les nutriments et le CO₂.
Comment éviter les algues tout en gardant un bon éclairage
Ah, les algues… la plupart des aquariophiles finissent par déclarer la guerre à ces petits envahisseurs verts ou bruns. Et bien souvent, elles pointent le bout de leur nez quand l’équilibre lumière/nutriments est rompu. Voici mes conseils pour éviter leur prolifération sans devoir réduire l’éclairage à peau de chagrin :
- Respectez les 8 à 10 heures d’éclairage : ne tentez pas d’augmenter pour « faire pousser mieux » les plantes si vous n’injectez pas de CO₂ ou n’apportez pas une fertilisation adaptée.
- Stabilisez votre horaire avec une minuterie : l’instabilité (éclairage allumé à 8h un jour, 12h le lendemain) perturbe aussi bien les poissons que les plantes, et crée des fenêtres optimales pour les algues.
- Observez votre aquarium : arrivée d’algues filamenteuses ? Testez vos NO₃ et PO₄. Présence d’algues brunes ? Souvent signe d’une lumière trop faible ou d’un bac encore jeune.
- Évitez la lumière naturelle indirecte : un aquarium placé face à une fenêtre risque d’être victime d’une surdose lumineuse, même si votre éclairage principal est modéré.
Un exemple vécu ? Sur un bac de 60 litres planté avec anubias, cryptocorynes et mousse de Java, éclairé initialement 11 heures, des algues pinceaux sont apparues au bout de trois semaines. Après passage à 8h30, les algues ont lentement régressé, sans intervention chimique, simplement par rééquilibrage naturel.
Quel type d’éclairage choisir pour un bac à guppys ?
Bonne nouvelle : les guppys ne nécessitent pas d’éclairage très intense, contrairement à certains cichlidés ou crevettes photosensibles. Le choix de l’éclairage dépendra surtout de vos plantes. Voici quelques repères :
- Pour un bac sans plantes ou avec uniquement des plantes faciles : un éclairage LED de 20-30 lumens/litre suffit.
- Pour un bac densément planté sans CO₂ : visez 30 à 40 lumens/litre, mais complétez avec une fertilisation adaptée.
Ainsi, pour un aquarium de 80 litres peuplé de guppys, un éclairage LED de 1600 à 2500 lumens est généralement suffisant, selon les espèces végétales présentes.
Évitez les tubes T8 vieillissants ou les éclairages trop « blancs froids », qui peuvent accentuer certaines agressions visuelles pour les poissons tout en favorisant les algues. Privilégiez les LED au spectre équilibré, avec une température de couleur entre 6 500 et 7 000 Kelvin.
Le stress lumineux chez les guppys : un danger sous-estimé
On parle souvent du stress dû à une mauvaise qualité d’eau, à la surpopulation ou à des conflits territoriaux. Mais le stress lumineux est un facteur bien réel – et souvent sous-estimé.
Un éclairage trop intense ou trop prolongé peut provoquer :
- des couleurs ternes chez les guppys (signe de mal-être),
- des comportements agités ou léthargiques,
- une baisse d’immunité menant à des maladies,
- une perturbation de la reproduction.
Certains aquariophiles signalent que leurs guppys « fuient » la lumière ou se cachent systématiquement sous les plantes : ce n’est pas un comportement normal. Dans ce cas, essayez de baisser légèrement l’intensité, réduire la durée d’éclairage ou ajouter des plantes flottantes (comme la pistia ou la salvinia) pour tamiser la lumière. Cela peut rétablir un comportement plus naturel.
Mon conseil : offrez toujours à vos poissons une zone d’ombre partielle ou des cachettes. Même dans un bac lumineux, ils doivent avoir la possibilité de s’abriter.
Astuce pratique : utiliser une pause d’éclairage pour casser le cycle des algues
Certains aquariophiles avancés utilisent ce qu’on appelle la « sieste lumineuse » : une pause quotidienne de 2 heures entre deux phases d’éclairage. Exemple d’horaires :
- 1ʳᵉ phase : 10h-13h
- Pause : 13h-15h (lumière éteinte)
- 2ᵉ phase : 15h-20h
Théoriquement, les plantes stockent l’énergie lumineuse et réactivent leur processus sans problème après l’interruption. Les algues, elles, deviennent moins performantes car leur métabolisme est moins flexible.
Cette stratégie ne fonctionne pas toujours, mais elle peut être utile dans un bac bien filtré et moyennement planté, surtout en cas de prolifération d’algues vertes ou de filamenteuses.
Check-list pour maintenir un bon équilibre lumineux
- Utilisez une minuterie programmable : fini les oublis ou les éclairages nocturnes accidentels.
- Nettoyez régulièrement vos optiques LED ou capots : la poussière et le calcaire diminuent la qualité lumineuse.
- Observez vos poissons : sont-ils agités le matin à l’allumage brutal ? Si oui, optez pour un démarrage progressif ou un éclairage indirect au réveil.
- Maintenez votre routine : les guppys, comme beaucoup de poissons, adorent les habitudes… et détestent les changements soudains.
Un équilibre à construire au fil du temps
Régler le temps d’éclairage de votre aquarium à guppys, ce n’est pas une science exacte dès le premier jour. C’est un processus évolutif. Ce que je vous conseille : partez sur une base de 8h, observez pendant deux semaines, ajustez ensuite si besoin. Chaque bac a sa propre chimie, sa propre dynamique, même si les guppys restent une espèce tolérante idéale pour débuter.
Ce que je constate dans mes propres aquariums, et dans les retours que je reçois des lecteurs, c’est que l’éclairage trop intense fait souvent plus de mal que de bien. Mieux vaut trop peu que trop, surtout si vos plantes peuvent le supporter.
Alors, éteignez parfois un peu plus tôt, tamisez avec quelques plantes flottantes, offrez de la régularité… et laissez la nature opérer. Vos guppys vous le rendront bien.