Les algues dans un aquarium, c’est un peu comme de la poussière sur un meuble en verre : au début, c’est discret, et puis un jour, on ne voit plus que ça. Ces envahisseuses silencieuses peuvent prendre différentes formes – filamenteuses, encroutantes, flottantes – et s’installent parfois même dans les aquariums les mieux entretenus. Bonne nouvelle : leur présence n’est pas une fatalité. Dans cet article, je vous propose un tour d’horizon des solutions efficaces pour éliminer les algues de votre aquarium, en m’appuyant comme toujours sur des données vérifiables, des retours d’expérience ainsi que quelques astuces glanées lors de mes quinze années de pratique aquariophile.
Pourquoi les algues prolifèrent-elles dans un aquarium ?
Avant de se lancer dans la chasse aux algues, il faut comprendre ce qui les attire. Les algues sont des colonies végétales opportunistes. Elles s’épanouissent dès que l’équilibre du milieu est rompu – un peu comme des squatteuses profitant d’une porte laissée entrouverte.
Les causes les plus fréquentes sont :
- Un excès de nutriments (nitrates, phosphates)
- Un éclairage trop intense ou mal réglé
- Un CO₂ mal dosé (dans le cas des aquariums plantés)
- Un faible entretien du substrat ou des masses filtrantes
- Une circulation d’eau insuffisante
Un diagnostic précis permettra de cibler la solution adaptée. Car oui, on ne traite pas une invasion de cyanos comme une poussée d’algues pinceaux.
Les différents types d’algues… et comment les reconnaître
Plutôt que de toutes les appeler « algues », identifions ce à quoi vous avez affaire :
- Algues vertes filamenteuses : filaments souples verdâtres qui s’enroulent sur les plantes et le décor.
- Algues pinceaux (BBA) : petits duvets noirs ou gris foncé, très accrochés et coriaces.
- Algues brunes (diatomées) : dépôt brunâtre, typique des jeunes bacs, facile à retirer à la main.
- Algues bleues (cyano bactéries) : couche gluante bleutée ou verte, à l’odeur désagréable, capable de se détacher en plaques. Ce n’est pas une algue mais une bactérie !
- Algues en suspension (eau verte) : l’eau devient trouble, de couleur vert éclatant – un vrai défi à régler sans intervention ciblée.
Identifier le type d’algue est fondamental : une même solution ne fonctionne pas toujours d’un type à l’autre. Passons maintenant aux traitements éprouvés.
Les solutions naturelles et préventives
Toute lutte contre les algues commence par la prévention. Vous cherchez un aquarium sans algues ? Commencez par ces bonnes pratiques de base :
- Contrôle de l’éclairage : 8 à 10 heures suffisent dans la majorité des cas. Évitez de placer l’aquarium face à une fenêtre.
- Changement d’eau régulier : 20 à 30 % par semaine, pour évacuer les excès de nitrates et phosphates.
- Nettoyage du filtre : tous les 2 à 3 semaines, sans trop perturber la colonie bactérienne présente.
- Aspiration du sol : siphonnage nécessaire, surtout si vous nourrissez un peu trop généreusement vos poissons.
Une fertilisation équilibrée, surtout dans un bac planté, est également cruciale. Un déficit en potassium ou en CO₂ favorise l’apparition d’algues, y compris les fameuses algues pinceaux.
Les espèces auxiliaires : vos alliés naturels contre les algues
Certains animaux sont des détacheurs professionnels. Encore faut-il les choisir selon le type d’algue à combattre et les conditions de votre bac :
- Otocinclus affinis : discret, pacifique, idéal contre les algues brunes dans les nano-bacs et les aquariums plantés.
- Amano (Caridina multidentata) : une machine à nettoyer les jeunes filamenteuses, mais inefficace contre les poils durs.
- Neritina : escargot extrêmement efficace sur les surfaces lisses – attention à ce qu’il ne se plante pas sur le dos !
- Siamese algae eater (SAE) : efficace contre algues pinceaux et filamenteuses adultes, mais à maintenir en petit groupe dans des bacs supérieurs à 100L.
Attention cependant : aucun de ces animaux ne viendra à bout d’une invasion massive sans une correction des causes profondes. Ce ne sont pas des solutions miracles, mais des renforts précieux.
Les produits anti-algues : efficacité contrôlée
Passons maintenant aux produits du commerce. Oui, ils peuvent fonctionner. Non, ils ne doivent pas être votre premier réflexe. Trop souvent, ils ne règlent que les symptômes :
- Les anti-algues liquides : principalement à base de glutaraldéhyde ou peroxyde – efficaces contre les pinceaux. À utiliser ponctuellement dans un cadre contrôlé, notamment en bac planté avec CO₂.
- Les clarificateurs UV : radical contre l’« eau verte » due aux algues unicellulaires. Un bon stérilisateur UV est une solution durable.
- Les traitements contre les cyanobactéries : Certains produits à base d’érythromycine ou formules spécifiques comme Blue Exit peuvent être utiles, mais il est conseillé de traiter si possible sans médicament (cf. section suivante).
Note : il est crucial de lire les étiquettes et de respecter les dosages. Un excès peut stresser poissons et crevettes, voire déséquilibrer encore plus le bac. Toujours surveiller les habitants après traitement.
La méthode blackout : radicale contre la cyano
Vous avez repéré une couche gluante et odorante qui envahit le sol, les décors et même les plantes ? C’est probablement de la cyanobactérie. Il s’agit là davantage d’une contamination que d’un simple souci esthétique – il faut agir vite.
Le blackout total est une méthode non médicamenteuse qui donne d’excellents résultats :
- Coupez tout éclairage pendant 3 à 4 jours
- Couvrez entièrement l’aquarium avec une couverture ou des cartons pour exclure toute lumière
- Continuez l’oxygénation (bulleur ou filtre orienté vers la surface)
- Ne nourrissez pas les poissons durant cette période
- Changement d’eau de 50 % en fin de traitement
Avec une bonne hygiène post-blackout (et une légère hausse du brassage), la cyano ne revient généralement pas… à condition d’avoir corrigé ses causes (l’excès de phosphates, typiquement).
Aquariophile débutant : que faire en premier ?
Si vous débutez et que les algues vous semblent déjà hors de contrôle, mon conseil est simple :
- Vérifiez votre éclairage (durée et puissance)
- Testez vos nitrates et phosphates (gouttes si possible)
- Siphonnez le sol et nettoyez les vitres
- Ajoutez temporairement des mangeurs d’algues adaptés
- Lancez éventuellement un traitement doux, comme un apport journalier de carbone liquide type Easy Carbo
Et surtout : soyez patient. L’équilibre d’un aquarium se construit sur le moyen terme. Une fois établi, il devient étonnamment stable… et les algues ne sont plus qu’un vague souvenir.
Exemple pratique : David, 85L amazonien embourbé dans les algues pinceaux
David m’a contactée via le formulaire du blog il y a quelques mois : « Bac de 85L, tout allait bien pendant deux mois, puis les décorations sont devenues toutes noires, les feuilles se couvrent de poils, les crevettes désertent. Je fais quoi ? »
Après une analyse de ses paramètres et photos à l’appui, voici ce qu’il a mis en place :
- Réduction de l’éclairage à 8h/j
- Ajout de 3 Caridinas Amano
- Apport journalier d’Easy Carbo
- Changements d’eau de 20 % tous les 4 jours pendant deux semaines
Résultat ? Une régression visible dès la première semaine, et deux mois plus tard : un bac propre avec des plantes vigoureuses. Aucune intervention chimique lourde n’a été nécessaire.
En résumé : patience, rigueur… et algues sous contrôle
Les algues sont un signal, pas une fatalité. Si elles apparaissent, c’est que votre bac essaie de vous dire quelque chose. À vous de décoder. Et surtout, agissez étape par étape, avec mesure. Une intervention douce mais bien ciblée vaut mieux qu’un traitement-choc à l’aveugle.
Vous avez vous aussi déjà remporté une victoire (ou une défaite) contre les algues ? Partagez votre expérience en commentaire, cela aidera d’autres aquariophiles à garder leurs bacs aussi limpides que le lac des cygnes.